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Incises Ralph van Raat - Philharmonie de Paris · 2018-09-03 · 8 LES UVR ES Pierre Boulez...

Date post: 09-Mar-2020
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LE STUDIO – PHILHARMONIE Incises Ralph van Raat Samedi 8 septembre 2018 – 20h30
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LE STUDIO – PHILHARMONIE

IncisesRalph van Raat

Samedi 8 septembre 2018 – 20h30

La Philharmonie de Paris lui devait bien ça : une Biennale Pierre Boulez afin d’explorer la si riche galaxie de celui qui s’est tellement battu pour qu’elle existe. Une biennale pour entendre son œuvre bien sûr, mais aussi pour remonter aux sources de son génie musical, aller à la découverte des compositeurs qu’il a défendus, le tout sans jamais perdre de vue l’avenir.

C’est tout naturellement à l’Ensemble intercontemporain, et à son directeur musical Matthias Pintscher, que revient l’honneur d’interpréter, le 4 septembre au soir, le premier chef-d’œuvre de Pierre Boulez : Le Marteau sans maître. Ce cycle fondateur, aussi radical que sensuel, dans lequel le compositeur met sa musique au service de la poésie surréaliste de René Char, est mis en perspective avec les racines viennoises de l’écriture boulézienne : la seconde école de Vienne, ici représentée sous ses formes les plus aphoristiques par Alban Berg et Anton Webern.

Co-initiateur de cette Biennale avec la Pierre Boulez Saal qu’il a ouverte à Berlin, Daniel Barenboim poursuit cette généalogie du maître en dirigeant la Staatskapelle Berlin dans l’œuvre symphonique de Claude Debussy (le 5 septembre) ainsi que dans Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski (le 6 septembre), tout en évoquant les indéfectibles amitiés que Boulez a nouées dans le monde musical, avec son Rituel in memoriam Bruno Maderna. En compagnie du bien nommé Boulez Ensemble, enfin, Barenboim défend (le 8 septembre) une autre œuvre emblématique du compositeur : sur Incises. Incises est reprise, un peu plus tard le même jour, par le Néerlandais Ralph van Raat au cours d’un récital intégralement consacré au piano de Boulez – avec notamment la première mondiale d’une œuvre de jeunesse : Prélude, Toccata et Scherzo.

Mais Boulez ne tirait pas son inspiration de la seule musique européenne : il se disait « impressionné » par les « superpositions rythmiques complexes » du gagaku. Cette Biennale est donc l’occasion d’un coup de projecteur, le 3 septembre, sur cette « musique raffinée, élégante » qui, empruntant aux traditions chinoises et coréennes autant que japonaises, a tenu lieu de musique de cour pour l’empereur du Japon pendant près de quinze siècles !

BIENNALE PIERRE BOULEZ

Enfin, si la promotion de la musique de son temps était l’une des principales préoccupations de cette figure de proue de la modernité, préparer celle de demain en était une autre. Benjamin Attahir est l’un des derniers jeunes compositeurs à avoir bénéficié des conseils du maître. La création de son spectacle Boulevard des Oiseaux (le 7 septembre), conçu avec le drama-turge Lancelot Hamelin et interprété par le violoniste Renaud Capuçon et la comédienne Jennifer Decker, fait à cet égard figure de passage de relais…

Découvrez la saison 2018 –19

boulezsaal.de+49 30 4799 7411

Französische Straße 33d10117 Berlin

09_WE_BIENNALE_BOULEZ.indd 1-2 30/08/2018 11:02

La Philharmonie de Paris lui devait bien ça : une Biennale Pierre Boulez afin d’explorer la si riche galaxie de celui qui s’est tellement battu pour qu’elle existe. Une biennale pour entendre son œuvre bien sûr, mais aussi pour remonter aux sources de son génie musical, aller à la découverte des compositeurs qu’il a défendus, le tout sans jamais perdre de vue l’avenir.

C’est tout naturellement à l’Ensemble intercontemporain, et à son directeur musical Matthias Pintscher, que revient l’honneur d’interpréter, le 4 septembre au soir, le premier chef-d’œuvre de Pierre Boulez : Le Marteau sans maître. Ce cycle fondateur, aussi radical que sensuel, dans lequel le compositeur met sa musique au service de la poésie surréaliste de René Char, est mis en perspective avec les racines viennoises de l’écriture boulézienne : la seconde école de Vienne, ici représentée sous ses formes les plus aphoristiques par Alban Berg et Anton Webern.

Co-initiateur de cette Biennale avec la Pierre Boulez Saal qu’il a ouverte à Berlin, Daniel Barenboim poursuit cette généalogie du maître en dirigeant la Staatskapelle Berlin dans l’œuvre symphonique de Claude Debussy (le 5 septembre) ainsi que dans Le Sacre du printemps d’Igor Stravinski (le 6 septembre), tout en évoquant les indéfectibles amitiés que Boulez a nouées dans le monde musical, avec son Rituel in memoriam Bruno Maderna. En compagnie du bien nommé Boulez Ensemble, enfin, Barenboim défend (le 8 septembre) une autre œuvre emblématique du compositeur : sur Incises. Incises est reprise, un peu plus tard le même jour, par le Néerlandais Ralph van Raat au cours d’un récital intégralement consacré au piano de Boulez – avec notamment la première mondiale d’une œuvre de jeunesse : Prélude, Toccata et Scherzo.

Mais Boulez ne tirait pas son inspiration de la seule musique européenne : il se disait « impressionné » par les « superpositions rythmiques complexes » du gagaku. Cette Biennale est donc l’occasion d’un coup de projecteur, le 3 septembre, sur cette « musique raffinée, élégante » qui, empruntant aux traditions chinoises et coréennes autant que japonaises, a tenu lieu de musique de cour pour l’empereur du Japon pendant près de quinze siècles !

BIENNALE PIERRE BOULEZ

Enfin, si la promotion de la musique de son temps était l’une des principales préoccupations de cette figure de proue de la modernité, préparer celle de demain en était une autre. Benjamin Attahir est l’un des derniers jeunes compositeurs à avoir bénéficié des conseils du maître. La création de son spectacle Boulevard des Oiseaux (le 7 septembre), conçu avec le drama-turge Lancelot Hamelin et interprété par le violoniste Renaud Capuçon et la comédienne Jennifer Decker, fait à cet égard figure de passage de relais…

Découvrez la saison 2018 –19

boulezsaal.de+49 30 4799 7411

Französische Straße 33d10117 Berlin

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Lundi 3 septembre

20H30 SPECTACLE

GAGAKU IMPÉRIALMUSICIENS ET DANSEURS DU DÉPARTEMENT

DE MUSIQUE DE LA MAISON IMPÉRIALE

DU JAPON

Mardi 4 septembre

20H30 CONCERT

MARTEAU SANS MAÎTREENSEMBLE INTERCONTEMPORAINMATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION

SALOMÉ HALLER, SOPRANO

DIMITRI VASSILAKIS, PIANO

MARTIN ADÀMEK, CLARINETTE

Alban BergQuatre Pièces pour clarinette et piano op. 5

Pierre BoulezSonate pour piano no 2

Anton WebernCinq Pièces op. 10

Pierre BoulezLe Marteau sans maître

Mercredi 5 septembre

20H30 CONCERT SYMPHONIQUE

DANIEL BARENBOIMSTAATSKAPELLE BERLIN

DANIEL BARENBOIM, DIRECTION

Claude DebussyImagesPrélude à l’après-midi d’un fauneLa Mer

Jeudi 6 septembre

20H30 CONCERT SYMPHONIQUE

DANIEL BARENBOIMSTAATSKAPELLE BERLIN

DANIEL BARENBOIM, DIRECTION

Pierre BoulezRituel in memoriam Bruno Maderna

Igor StravinskiLe Sacre du printemps

Vendredi 7 septembre

20H30 CONCERT

BOULEVARD DES OISEAUXRENAUD CAPUÇON, VIOLON

JENNIFER DECKER, COMÉDIENNE

(PENSIONNAIRE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE)

LANCELOT HAMELIN, MISE EN SCÈNE

Benjamin Attahir La Femme fendue (commande de la Philharmonie de Paris, création)Sur un texte de Lancelot Hamelin

Samedi 8 septembre

15H00 CONCERT

DANIEL BARENBOIMBOULEZ ENSEMBLE

DANIEL BARENBOIM, PIANO, DIRECTION

Anton WebernQuatuor à cordes op. 28

Robert SchumannQuintette pour piano et cordes op. 44

Pierre Boulezsur Incises

20H30 CONCERT

INCISESRALPH VAN RAAT, PIANO

Pierre BoulezPrélude, Toccata et Scherzo (création)IncisesUne page d’éphémérideNotations

20H30 CONCERT

BACH MARATHONTHOMAS ENHCO, PIANO

VASSILENA SERAFIMOVA, MARIMBA

Funambules

GASPAR CLAUS, VIOLONCELLE

ELECTRIC RESCUE, ÉLECTRONIQUE

Variations

FRANCESCO TRISTANO, PIANO

FEDERICO NITTI, VIDÉO

EDOARDO PIETROGRANDE, INGÉNIEUR DU

SON

Goldberg City Variations

ARANDEL, MACHINES

Switched On Bach

Dimanche 1er avril

14H30 CONCERT-PROMENADE AU MUSÉE

COMME UN POISSON DANS BACH !VASSILENA SERAFIMOVA, MARIMBA

JULIA JÉROSME ET TATIANA PROBST,

SOPRANOS

ÉLÈVES DU CONSERVATOIRE DE PARIS

Improvisations jazz, arrangements et transcription sur des thèmes de Johann Sebastian Bach

16H30 RÉCITAL ORGUE

BACH FESTBERNARD FOCCROULLE, ORGUE

Johann Sebastian BachPrélude et fugue en mi mineur BWV 533Fantasia sopra « Christ lag in Todesbanden » BWV 718Cinq Chorals extraits de l’Orgelbüchlein BWV 617, 621, 622, 628, 625Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582Quatre Chorals du recueil Schübler BWV 645, 646, 648, 649Vor deinen Thron tret’ ich hiermit BWV 668

BIENNALE PIERRE BOULEZ

ACTIVITÉSEN L IEN AVEC

LA BIENNALE PIERRE BOULEZ

LUNDI

Clé d’écoute à 19h45LE GAGAKU IMPÉRIAL

MARDI

Rencontre à 19hAUTOUR DE PIERRE BOULEZ

VENDREDI

Rencontre à 19hBENJAMIN ATTAHIR

EN PARTENARIAT AVEC LA PIERRE BOULEZ SAAL BERLIN

09_WE_BIENNALE_BOULEZ.indd 3-4 30/08/2018 11:02

Lundi 3 septembre

20H30 SPECTACLE

GAGAKU IMPÉRIALMUSICIENS ET DANSEURS DU DÉPARTEMENT

DE MUSIQUE DE LA MAISON IMPÉRIALE

DU JAPON

Mardi 4 septembre

20H30 CONCERT

MARTEAU SANS MAÎTREENSEMBLE INTERCONTEMPORAINMATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION

SALOMÉ HALLER, SOPRANO

DIMITRI VASSILAKIS, PIANO

MARTIN ADÀMEK, CLARINETTE

Alban BergQuatre Pièces pour clarinette et piano op. 5

Pierre BoulezSonate pour piano no 2

Anton WebernCinq Pièces op. 10

Pierre BoulezLe Marteau sans maître

Mercredi 5 septembre

20H30 CONCERT SYMPHONIQUE

DANIEL BARENBOIMSTAATSKAPELLE BERLIN

DANIEL BARENBOIM, DIRECTION

Claude DebussyImagesPrélude à l’après-midi d’un fauneLa Mer

Jeudi 6 septembre

20H30 CONCERT SYMPHONIQUE

DANIEL BARENBOIMSTAATSKAPELLE BERLIN

DANIEL BARENBOIM, DIRECTION

Pierre BoulezRituel in memoriam Bruno Maderna

Igor StravinskiLe Sacre du printemps

Vendredi 7 septembre

20H30 CONCERT

BOULEVARD DES OISEAUXRENAUD CAPUÇON, VIOLON

JENNIFER DECKER, COMÉDIENNE

(PENSIONNAIRE DE LA COMÉDIE-FRANÇAISE)

LANCELOT HAMELIN, MISE EN SCÈNE

Benjamin Attahir La Femme fendue (commande de la Philharmonie de Paris, création)Sur un texte de Lancelot Hamelin

Samedi 8 septembre

15H00 CONCERT

DANIEL BARENBOIMBOULEZ ENSEMBLE

DANIEL BARENBOIM, PIANO, DIRECTION

Anton WebernQuatuor à cordes op. 28

Robert SchumannQuintette pour piano et cordes op. 44

Pierre Boulezsur Incises

20H30 CONCERT

INCISESRALPH VAN RAAT, PIANO

Pierre BoulezPrélude, Toccata et Scherzo (création)IncisesUne page d’éphémérideNotations

20H30 CONCERT

BACH MARATHONTHOMAS ENHCO, PIANO

VASSILENA SERAFIMOVA, MARIMBA

Funambules

GASPAR CLAUS, VIOLONCELLE

ELECTRIC RESCUE, ÉLECTRONIQUE

Variations

FRANCESCO TRISTANO, PIANO

FEDERICO NITTI, VIDÉO

EDOARDO PIETROGRANDE, INGÉNIEUR DU

SON

Goldberg City Variations

ARANDEL, MACHINES

Switched On Bach

Dimanche 1er avril

14H30 CONCERT-PROMENADE AU MUSÉE

COMME UN POISSON DANS BACH !VASSILENA SERAFIMOVA, MARIMBA

JULIA JÉROSME ET TATIANA PROBST,

SOPRANOS

ÉLÈVES DU CONSERVATOIRE DE PARIS

Improvisations jazz, arrangements et transcription sur des thèmes de Johann Sebastian Bach

16H30 RÉCITAL ORGUE

BACH FESTBERNARD FOCCROULLE, ORGUE

Johann Sebastian BachPrélude et fugue en mi mineur BWV 533Fantasia sopra « Christ lag in Todesbanden » BWV 718Cinq Chorals extraits de l’Orgelbüchlein BWV 617, 621, 622, 628, 625Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582Quatre Chorals du recueil Schübler BWV 645, 646, 648, 649Vor deinen Thron tret’ ich hiermit BWV 668

BIENNALE PIERRE BOULEZ

ACTIVITÉSEN L IEN AVEC

LA BIENNALE PIERRE BOULEZ

LUNDI

Clé d’écoute à 19h45LE GAGAKU IMPÉRIAL

MARDI

Rencontre à 19hAUTOUR DE PIERRE BOULEZ

VENDREDI

Rencontre à 19hBENJAMIN ATTAHIR

EN PARTENARIAT AVEC LA PIERRE BOULEZ SAAL BERLIN

09_WE_BIENNALE_BOULEZ.indd 3-4 30/08/2018 11:02

Pierre Boulez(1925-2016)

Prélude, Toccata et Scherzofor piano

[1944-45]

Unpublished. Private edition of the Paul Sacher Stiftung.

Proofread and supervision by Angela Ida De Benedictis.

Photocopying and reproduction strictly forbidden.

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PROGRAMME

Pierre Boulez

Prélude, Toccata et Scherzo – création

IncisesUne page d’éphémérideNotations

Ralph van Raat, piano

FIN DU CONCERT (SANS ENTRACTE) VERS 21H30.

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LES œuvrES

Pierre Boulez (1925-2016)Prélude, Toccata et Scherzo – création

I. Prélude

II. Toccata

III. Scherzo

Composition : 1944-1945 (non publié) ; partition réalisée par la Fondation Paul Sacher

sous la direction d’Angela Ida De Benedictis.

Création : le 8 septembre 2018, à la Philharmonie de Paris, par Ralph van Raat (piano).

Durée : environ 26 minutes.

Incises

Composition : 1994 ; révision en 2001.

Commande : Concours international de piano Umberto Micheli de Milan.

Création : au Concours, le 21 octobre 1994 ; publique, le 4 février 1995, à Caen,

par Dimitri Vassilakis (piano).

Durée : environ 9 minutes.

« Considérer l’instrument en soi, voir ce que l’on peut en faire non seulement en tant que transmetteur d’idées musicales mais surtout d’extension maximale des possibilités de l’instrument » : telle est, confie en 1997 Pierre Boulez à Bruno Serrou, la racine du plaisir de la virtuosité. La complicité du compositeur et chef d’orchestre avec de grands solistes fut l’occasion de la réalisation d’œuvres brèves mais décisives. Mstislav Rostropovitch est à l’origine de Messagesquisse (1976-1977), pour violoncelle solo et six violoncelles – avec Chopin et Paganini en embuscade. Anthèmes I (1991) est une commande du Concours international de violon Yehudi Menuhin. Et c’est à la demande de ses amis le compositeur Luciano Berio et le pianiste Maurizio Pollini pour le Concours international de piano Umberto Micheli de Milan que Pierre Boulez composa Incises, où

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la pièce fut jouée le 21 octobre 1994, sa création publique ayant lieu à Caen le 4 février 1995 par Dimitri Vassilakis.

Nonobstant le second livre des Structures (1956-1961) pour deux pianos, Pierre Boulez n’avait plus composé pour le piano seul depuis la Sonate no 3 (1956-1957), inachevée, même si les cadences d’Éclat (1965) lui donnaient la part belle, et surtout Répons (1981-1984), dont l’écriture pianistique d’Incises semble pour une grande part issue : notes répétées avec les mains alternées et résonances dans les graves, avec cette liberté dans les registres éclatés que donne la souplesse de l’instrument (et de l’instru-mentiste !). C’est cette liberté et cette vitesse que l’effectif fantastique de sur Incises (1996-1998) – trois pianos, trois harpes, trois percussions : vue en éclaté vertigineuse et jubilatoire de la machine sonore du piano d’Incises – fera proliférer dans l’espace sonore et le temps musical de ses quarante minutes intenses et virtuoses.

Après une introduction d’une page de caractère « libre », non mesurée, l’œuvre se lance durant trois minutes dans une folle toccata prestissimo (la noire à 144) de notes répétées en doubles croches, dont la mécanique est perturbée par des « groupes-fusées » en triples croches. La première version d’Incises, d’à peine quatre minutes, s’interrompait alors bruta-lement dans la résonance d’une note grave. En 2001, trois ans après la création de la version finale de sur Incises, Pierre Boulez décide de développer Incises en la prolongeant d’une seconde section, qui alterne les passages notés « très lent », où des arabesques plongent et résonnent dans les graves, avec des passages plus vifs où s’entrelacent le « strict », le « régulier » et le « rubato », suivant en cela le titre même de l’œuvre et ce qu’il veut dire : « Les idées sont insérées les unes dans les autres », confie encore le compositeur à Bruno Serrou. L’œuvre se termine dans le temps suspendu des cordes graves, que le pianiste laisse résonner jusqu’à leur extinction finale.

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Une page d’éphéméride

Composition : 2005.

Création : le 4 février 2008, au Conservatoire à rayonnement régional de Paris,

par Gaspard Dehaene (piano).

Durée : environ 12 minutes.

Pianiste (il créa lui-même sa Sonate no 3), Pierre Boulez ne composait cependant jamais au piano mais seulement « à la table ». La formation, si brève (un an à peine entre 1944 et 1945) mais si fondamentale, de Messiaen avait conféré à l’oreille absolue qu’il possédait déjà le pouvoir d’entendre en lui toute la musique qu’il écrivait. S’il se levait parfois de sa table, rompant le silence de son écoute intérieure, c’était pour éprouver les résonances que son écriture imprimait à l’espace acoustique du piano.

De ce phénomène sonore qui l’a toujours fasciné, Pierre Boulez a réalisé de nombreuses formules musicales : de la première sonate (1946), où des accords résonants sont comme coupés, cassés par des figures sèches et fulgurantes, à la troisième (1956-1957) et ses harmonies fantômes, qui semblent flotter et disparaître au gré de la troisième pédale (sostenuto), jouant avec la réverbération par sympathie des cordes du piano ; d’Éclat pour neuf musiciens (1965), où le geste du chef d’orchestre module le temps suspendu des résonances du piano, de la harpe et du vibraphone, aux métamorphoses électroacoustiques des six solistes de Répons (1981-1984).

Travail sur les espaces et les temps flottants, suspendus, non mesurés, libres – « lisses », comme il les appelait –, la résonance oblige aussi l’inter-prète à se mettre à l’écoute de ce qu’il fait, et à jouer la partition à partir de cette écoute. Cette idée irrigue Une page d’éphéméride (2005), que Pierre Boulez a composée pour le Piano Project d’Universal, la maison d’édition viennoise qui publie sa musique depuis la fin des années 1950. L’initiative revient aux pianistes et professeures de piano Anne-Lise Gastaldi et Valérie Haluk, qui ont demandé à Michael Jarrell, György Kurtág, Ivan Fedele, Péter Eötvös, Luis de Pablo, Georges Aperghis, Cristóbal Halffter, Salvatore Sciarrino et Pierre Boulez des pièces visant à sensibiliser à la musique de leur temps les jeunes interprètes possédant quatre années d’études de leur instrument.

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En quelques minutes à peine, Une page d’éphéméride donne à jouer et à entendre, écrit le compositeur Brice Pauset, « toutes les clés de l’écriture pianistique de Boulez : le style cristallin et brisé, l’usage des différentes possibilités de résonances de l’instrument, le “mode toccata” (déjà à l’œuvre il y a soixante-deux ans dans la première sonate) et l’orne-ment comme mode obligé de la production sonore ». À une introduction de caractère « libre », où les doigts du pianiste, en relâchant les touches, jouent avec les étouffoirs sur les cordes du piano, succède une section centrale pulsée, notée « rapide », avant un retour au jeu des résonances sur lequel la dernière pièce pour piano composée par Pierre Boulez s’éteint, laissant mourir doucement le son vers un silence qui semble nous dire pourtant « à suivre… ».

« Libre », « rapide » : ce serait une belle métaphore pour toute la musique de Pierre Boulez. Quant au titre lui-même, une citation extraite d’un entretien du compositeur par le musicologue Peter O’Hagan en donne peut-être la clé : « Quand j’écris une œuvre, je fais de nombreuses esquisses, mais je ne les utilise pas toutes. Vous savez, c’est comme un journal que l’on effeuille. Je retire certaines de ses pages pour en faire de nouveaux développements et de nouveaux prolongements. »

Notations

I. Fantasque – Modéré

II. Très vif

III. Assez lent

IV. Rythmique

V. Doux et improvisé

VI. Rapide

VII. Hiératique

VIII. Modéré jusqu’à très vif

IX. Lointain – Calme

X. Mécanique et très sec

XI. Scintillant

XII. Lent – Puissant et âpre

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Composition : 1945 ; révision en 1985.

Création : le 12 février 1946, par Yvette Grimaud (piano).

Durée : environ 10 minutes.

Lorsqu’il compose les Notations pour piano – douze miniatures, de douze mesures chacune, écrites à partir d’une même série (schönbergienne) de douze sons –, Pierre Boulez a 20 ans et sort à peine de la classe d’harmo-nie d’Olivier Messiaen, où il est entré l’année précédente (leur langage rythmique en porte la marque).

Dès après leur création le 12 février 1946 par Yvette Grimaud, élève, elle aussi, de Messiaen et créatrice d’autres pièces pour piano de Pierre Boulez (dont les deux premières Sonates), celui-ci esquisse l’orchestra-tion d’onze d’entre elles, puis les retire toutes de la circulation à cause de leur immaturité stylistique et technique. Certaines, nous apprend Robert Piencikowski, affleurent cependant dans la musique qu’il écrit en 1957 pour la pièce radiophonique de Louise Fauré, Le Crépuscule de Yang Koueï-Fei, ainsi que dans la Première Improvisation sur Mallarmé (Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui), qui sera incorporée au cycle Pli selon pli. Portrait de Mallarmé (1957-1962). Ce n’est qu’une fois la version orchestrale des Notations I-IV réalisée en 1980 qu’il autorisera la pianiste taïwanaise Pi-hsien Chen à interpréter le cycle entier de 1945, sur lequel il se penche une nouvelle et dernière fois en 1985.

Aujourd’hui considérées comme son Opus 1, les Notations possèdent déjà certains traits stylistiques qui marqueront son univers sonore et musical – et pas seulement pianistique : rigueur formelle et plaisir du mélisme, jeu des formes et puissance structurante de l’ornement, alter-nance et superposition des temps pulsés, nerveux, délirants, et des temps suspendus, flottants, intérieurs, méditant sur leur propre résonance.

Lambert Dousson

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Ralph van Raat et Pierre Boulez

Je dois ma première rencontre avec la musique de Pierre Boulez à mon professeur d’histoire au collège. Alors que j’étais encore adolescent, il m’a donné un enregistrement de la finale d’une édition du Concours international de piano Van Cliburn aux États-Unis. Le pianiste (et mathématicien) Christopher Taylor y interprétait la Sonate no 2 ; cela m’a fait l’effet d’une bombe. Encore étourdi par ma récente découverte de la seconde école de Vienne, j’ai compris que la puissance et l’expressivité de la sonate de Boulez dépassaient tout ce que j’avais pu entendre auparavant. Cela m’a littéralement coupé le souffle, et j’ai écouté ce disque en boucle au cours des années qui ont suivi. J’étais subjugué ; les contrastes gigantesques de nuances, de tempos et de registres faisaient exploser mon univers musical comme le big bang.

Quelques mois après cette découverte, j’ai eu la chance d’entendre le pianiste français Claude Helffer, lequel allait devenir mon professeur, interpréter les trois sonates de Boulez en direct au Théâtre LantarenVenster de Rotterdam. Je n’oublierai jamais le visage en sueur, pétrifié, de l’artiste, qui avait déjà plus de 70 ans à l’époque, ni l’extraordinaire engagement et l’énergie de sa prestation, par cœur. Cette expérience musicale restera parmi les plus marquantes de ma vie.

Il reste tant à dire, à expliquer et à clarifier au sujet de l’œuvre de Pierre Boulez, qui est encore considéré comme complexe par beaucoup, en particulier ses premières pièces comme la Sonate no 2, jugée totalement cérébrale. Cependant, s’il y a bien quelque chose qui m’a touché en profondeur et qui me parle toujours, c’est cet univers de couleurs et de vitalité extrêmement conduit et tellement riche créé par sa musique à l’intérieur du cadre de l’anti-sentimentalisme. Si la connaissance des méthodes de composition (dont la technique sérielle) peut nous aider à comprendre cette musique, j’ai pour ma part toujours vu Boulez comme un compositeur pour l’oreille et pour le cœur, finalement. Et si l’oreille a effectivement quinze ans de retard sur l’œil, comme il l’a lui-même annoncé, alors le temps est venu pour que ses œuvres fassent une percée majeure devant le grand public. D’où mon enthousiasme quand l’Institut Paul Sacher de Bâle et les héritiers de Boulez m’ont permis de jouer et

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d’enregistrer le manuscrit de sa toute première pièce, Prélude, Toccata et Scherzo. Je m’étais mis en quête de cette œuvre après en avoir appris l’existence dans une étude récemment publiée sur le répertoire pour piano du maître français. Lorsque j’ai eu le manuscrit devant les yeux un peu plus tard, il m’a semblé évident que la pièce occupait une place essentielle dans son œuvre : en plus de l’influence de son professeur Olivier Messiaen et de quelques autres compositeurs, on peut vraiment entendre le langage musical de Boulez évoluer au cours de la pièce.

D’emblée, la couleur harmonique générale de la pièce est cependant plus sévère que dans les compositions de son professeur : on note un usage quasi obsessionnel de l’intervalle de neuvième mineure tout au long des trois mouvements. Mais Boulez peut aussi exiger une approche extrêmement lyrique, avec des indications telles que « comme une plainte qui s’exaspère » et « avec beaucoup d’expression ». Par ailleurs, le compo-siteur est encore influencé par des formes relativement traditionnelles, même s’il opte pour une structure générale atypique, lent-rapide-lent.

Le premier mouvement est de forme ABA, avec un thème principal aisément reconnaissable que l’on retrouve en octaves vers la fin. Le deuxième mouvement fait alterner des traits rapides et virtuoses de notes isolées, deux fugues qui utilisent ces intervalles et mènent chacune clairement à un sommet provisoire et, enfin, un réseau complexe fait d’intervalles thématiques qui s’effondrera dans un ultime passage assez développé de type toccata. Le troisième mouvement est une alternance de répétitions strictement rythmiques et percussives de l’intervalle de neuvième mineure, avec les transpositions résultantes, et de passages lents d’accords répétés suivant diverses superpositions, chacun avec son propre tempo. Ces passages font penser à un tintement de cloches et semblent annoncer l’une des dernières pièces pour piano du compositeur, Incises. La compo-sition ne répond pas seulement de manière claire à la question de savoir comment Boulez a trouvé son propre style de composition, elle prouve également que bien des éléments caractéristiques de son style de maturité étaient déjà présents dans cette pièce écrite au début de l’adolescence.

Étudier Boulez n’est facile pour personne. Sur la page, les notes semblent assez belles, de la vraie Augenmusik : on arrive quasiment à les entendre

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dans sa tête quand on les voit. Cela ne veut pourtant pas dire qu’elles sont simples à reproduire : au premier abord, il est difficile pour un interprète de comprendre quelles notes font suite aux précédentes étant donné les sauts énormes et les notes apparemment placées au hasard dans un contexte rythmique complexe. Mais la confusion disparaît bien vite : le sens de la structure et de la forme, très fort chez Boulez, offre énormément de cohérence au sein du chaos apparent. Dans les sonates, par exemple, d’innombrables motifs de trois notes apparaissent et réapparaissent sous toutes sortes de formes et de masques, allant de l’extrême simplicité aux variations les plus explosives. Après ces motifs, l’interprète puis l’auditeur se trouvent pris dans une tension énorme résultant de processus tels que la minimalisation ou l’expansion graduelle. En fait, c’est un peu comme la célèbre ouverture en quatre notes de la Symphonie no 5 de Beethoven, cet intervalle simple et rythmique d’une tierce devenu la pierre angulaire de l’œuvre, lourdement chargée et profondément dramatique.

Dans la musique de Boulez, la mémoire motrice de l’interprète parvient souvent à identifier les constellations de notes, ceci en dépit d’un langage tonal ostensiblement abstrait. Incises par exemple, pièce pour piano tardive, est pleine de figures rapides réparties aux deux mains appelées « fusées » – comme celles que l’on trouve dans la littérature du xixe siècle, en particulier chez Liszt. Même si, chez Boulez, elles s’étendent sur cinq octaves au lieu d’une ou de deux. Les trilles forment également un élément structurel fréquent des compositions de Boulez. C’est un rappel de leur fonction dans les dernières sonates de Beethoven : non pas de simples ornements mais des notes étincelant tels des diamants, comme si les cieux s’ouvraient pour nous éblouir.

Pierre Boulez, cependant, donne à ces motifs musicaux existants un aspect complètement nouveau et surprenant, exigeant de l’interprète qu’il reste continuellement en alerte. Par exemple, les notes du second mouvement du Prélude, Toccata et Scherzo sont très proches les unes des autres au premier regard, créant une forme mélodique relativement logique. Mais très vite, elles se désintègrent complètement de manière rhapsodique et se dispersent sur tout le clavier, mouvement qui va totalement à l’opposé d’un quelconque motif enraciné, reconnaissable de façon motrice par le pianiste. Les arabesques sont un élément de composition répété

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dans de nombreuses pièces. Cependant, chez Boulez, contrairement à la tradition, ce ne sont pas des ornements frivoles mais des Leitmotive majeurs qui doivent être exécutés avec la plus grande précision. Quant à la répartition traditionnelle des rôles entre mélodie et accompagnement secondaire, elle appartient également au passé chez Boulez : son écriture est presque toujours contrapuntique, sans hiérarchie entre les voix. Cela ne s’entend pas seulement dans une œuvre tardive telle qu’Incises mais aussi dans les deuxième et troisième mouvements du Prélude, Toccata et Scherzo, composé exactement un demi-siècle plus tôt.

La capacité qu’aura l’interprète de jouer avec le bon phrasé et de recon-naître la répartition précise des voix dans la complexité des notes est essentielle pour déterminer à la fois la micro et la macro-structure de cette musique. Le toucher1 revêt également la plus haute importance : malgré toutes les discussions au sujet du caractère destructif de ses compositions révolutionnaires, particulièrement pertinentes dans le cas de ses premières œuvres, on oublie souvent les indications contrastées notées sur ses partitions telles que « p, sans attaquer », « mf, mais sonorité pleine » et « très léger ». Les nombreux accents, les nuances extrêmes et les indices verbaux sont les garants de la souplesse2 essentielle à la juste sonorité lorsque l’on interprète Boulez.

Ce qui me fascine encore lorsque je joue sa musique, après une première rencontre datant d’il y a bientôt vingt-cinq ans, est son utilisation de presque chacune des techniques de jeu nées au cours de toute cette riche histoire de la littérature pianistique, toutes néanmoins transformées en une envolée vertigineuse nous emportant vers un temps nouveau et un contexte renouvelé. L’errance permanente de tonalité en tonalité, le lyrisme exalté et la relative liberté rythmique dans la musique du xixe siècle n’ont aucune place dans la palette sonore de Boulez, et pourtant l’extase et l’expression absolue y sont d’une intensité parallèle. Sa musique a la clarté d’un Webern, la transcendance d’un Beethoven, la virtuosité d’un Liszt, la polyphonie complexe d’un Bach, la percussion d’un Stravinski et la sen-sualité d’un Debussy. En dépit d’une notation extrême, elle est tout sauf

1 En français dans le texte.2 En français dans le texte.

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un adieu à la composition traditionnelle – et à la pratique de jeu ; c’est un carrousel dans lequel toutes les techniques tournoient à un tempo sans précédent, se voient commentées et élevées à un niveau bien plus inventif. Chaque ère possède sa propre sonorité et sa propre pratique de jeu, mais celle ouverte par Boulez demande toutes les pratiques connues à ce jour d’une manière éclatante et unique.

Ralph van Raat, 2018Adapté de sa préface d’Un maître sans marteau (Een Meester zonder Hammer) d’Emanuel Overbeeke, Vantilt, Nimègue, 2016Traduction : Delphine Malik

L’interprétation du Prélude, Toccata et Scherzo est basée sur la partition réalisée par la Fondation Paul Sacher sous la direction d’Angela Ida De Benedictis.Ralph van Raat tient à remercier personnellement la famille de Pierre Boulez, Klaus-Peter Altekruze, la Fondation Paul Sacher et Angela Ida De Benedictis de lui avoir accordé l’autorisation d’interpréter cette partition, et de leur aide pour l’avoir rendue accessible au public.

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LE cOMPOSITEUR

Pierre BoulezSoucieux de la diffusion de la musique contemporaine et de l’évolution des rapports du public et de la création, Pierre Boulez fonde, en 1954, les concerts du Domaine Musical, puis, en 1976, l’Institut de recherche et coor-dination acoustique/musique (Ircam) et l’Ensemble intercontemporain. Professeur au Collège de France de 1976 à 1995, il est l’auteur de nom-breux écrits sur la musique. En 1971, il est nommé chef permanent du BBC Symphony Orchestra et directeur musical du New York Philharmonic Orchestra. Il dirige les meilleurs orchestres du monde et est réguliè-rement invité dans tous les grands festivals : en 1985, tournée mondiale avec le London Symphony Orchestra, puis direction de Moïse et Aaron de Schönberg à l’Opéra d’Amsterdam dans une mise en scène de Peter Stein ; en juillet 1998, au Festival d’Aix-en- Provence, direction du Château de Barbe-Bleue de Bartók en collabora-tion avec la chorégraphe Pina Bausch ; en 1990, une série de concerts avec le London Symphony Orchestra en Europe et aux États-Unis ; en 2003-2004, direction de Renard de Stravinski, des Tréteaux de maître Pierre de Falla et du Pierrot lunaire de Schönberg dans une mise en scène de Klaus Michael Gruber au Festival d’Aix-en-Provence et aux Festwochen de Vienne… Presque trente

ans après ses débuts à Bayreuth, Pierre Boulez y revient, en 2004 et en 2005, pour diriger Parsifal, mis en scène par Christoph Schlingensief. L’année 2005, celle de ses 80 ans, est marquée par de nombreux hommages et célébrations, qui accompagnent ses tournées de concerts. Après quelques mois consa-crés à la composition, il dirige, en 2007, l’œuvre symphonique de Mahler en alternance avec Daniel Barenboim à Berlin, ainsi que De la maison des morts de Janáček, mis en scène par Patrice Chéreau, à Vienne, Amsterdam et Aix-en-Provence. Pierre Boulez se voit décerner de nombreuses récom-penses. Il a développé une impor-tante discographie, en exclusivité chez Deutsche Grammophon depuis 1992. En juin 2011, il enregistre les deux concertos pour piano de Liszt avec l’Orchestre de la Staatskapelle Berlin et Daniel Barenboim. Après Das klagende Lied de Mahler à Salzbourg, il entre-prend une tournée européenne avec les musiciens de l’Académie du Festival de Lucerne et de l’Ensemble intercon-temporain avec son œuvre majeure, Pli selon pli.

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L’INTERPRèTE

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Ralph van RaatNé en 1978, le pianiste et musico-logue néerlandais Ralph van Raat se produit en récital en Europe, au Moyen-Orient, en Asie et aux États-Unis. Toujours soucieux d’enrichir le corpus traditionnel d’œuvres pour piano, il a particulièrement à cœur d’interpréter le répertoire contemporain classique. Il travaille ainsi en étroite collaboration avec de multiples compositeurs, John Adams, Louis Andriessen, Gavin Bryars, Jonathan Harvey, Tan Dun, György Kurtág, Magnus Lindberg, Arvo Pärt, Frederic Rzewski et Sir John Tavener, nombre d’entre eux lui ayant dédié des com-positions et des concertos pour piano. Ralf van Raat est régulièrement engagé en soliste aux côtés d’orchestres tels que le London Sinfonietta, le BBC Symphony Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Shanghai, l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre Philharmo-nique de Rotterdam, l’Orchestre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, l’Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort, l’Orchestre Philharmonique de Los Angeles, l ’Orchestre Symphonique de Melbourne, l’Orchestre Symphonique de Guangzhou et l’Orchestre Philharmonique de Dortmund. Sa car-rière est jalonnée de collaborations fructueuses avec les chefs d’orchestre

Tan Dun, Valery Gergiev, JoAnn Falletta, David Robertson, Yannick Nézet-Séguin, Susanna Mälkki, Stefan Asbury, Michel Tabachnik et John Adams. En soliste, on peut l’applaudir dans des festivals aussi prestigieux que le Festival Gergiev (concert symphonique d’ouverture), les BBC Proms de Londres, le Festival international de musique de Besançon, le Holland Festival d’Amsterdam, le festival Time of Music de Viitasaari en Finlande, le Festival de musique contemporaine d’Huddersfield au Royaume-Uni, le Berliner Festspiele, le Festival des arts de Hong Kong ou le Tanglewood Summer Festival aux États-Unis. Il se voit également confier sa propre série de concerts au Concertgebouw et au Muziekgebouw d’Amsterdam ainsi qu’au De Doelen de Rotterdam. Il signe un contrat d’exclusivité avec Naxos en décembre 2006. Son premier enregistrement pour le label, l’intégrale des œuvres pour piano de John Adams, est classé en tête de liste par de nombreux magazines, et son enregistrement consacré aux compositions pour piano d’Arvo Pärt est noté 5/5 par le BBC Music Magazine. Naxos lui consacre un coffret-portrait en 2009 suivi d’un second coffret en 2017. Ralf van Raat enseigne l’interprétation du répertoire contemporain pour piano au Conservatoire d’Amsterdam. Il anime régulièrement des master-classes, conférences et ateliers dans les Li

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conservatoires de Tirana, Nijni Novgorod et Kiev, à l’Académie Ligeti de l’ASKO/Schönberg Ensemble ainsi que dans de nombreuses fondations et universités. Membre du jury du Concours international d’Orléans en 2018, il est invité à ce titre pour une master-classe à l’École normale de musique de Paris en mars dernier. Ralph van Raat est artiste Steinway.


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